Grève des taxis: «Non, Uber ne casse pas le marché, il casse un monopole»
Uber entre dans les villes du monde entier et «casse les règles du marché». C’est contre ça que les chauffeurs de taxi manifestent ce matin à Bruxelles. Le patron d’Uber leur répond et parle de «révolution».
Les chauffeurs de taxi sont en colère et le font savoir ce matin à Bruxelles.
Ce matin sur la Première, le patron de Uber Belgique, Filip Nuytemans, explique en quoi son modèle de covoiturage est une «révolution». Concurrence déloyale? Concurrence, oui, déloyale, non.
«Non, Uber ne prend pas une part de marché. Il fait grandir le marché. Il y a toujours de la place pour les taxis», soutient-il.
«Plus de demandes, donc plus de trajets, donc plus de revenus…»
Même si le patron de Uber Europe Mark MacGann (invité pour sa part sur Bel RTL) considère que c’est avec les socialistes francophones qu’il a le plus de problèmes, des voix s’élèvent néanmoins partout pour protester contre le système Uber.
Le modèle low cost détruirait le «bon emploi». Et les socialistes francophones ne sont pas les seuls à le dire: aux États-Unis et au Canada, Uber est parvenu à grignoter la moitié des déplacements professionnels. Soit le marché le plus lucratif en ville. Et les syndicats de taxi américains ne voient pas cette progression d’un bon œil.
La «sharing economy» est-elle en train de vider de sa substance un certain modèle social? Filip Nuytemans assure qu’il n’est pas question de pulvériser les revenus des chauffeurs. Au contraire, ajoute-t-il.
«Ce que gagne un conducteur est important. En utilisant la technologie, on peut justement augmenter les revenus. Ça permet d’avoir de la demande directement, donc plus de trajets par heure, donc plus de revenus.»
«Certains ont fait le pas»
Filip Nuytemans n’ira pas jusqu’à dire aux chauffeurs de taxi en grève «Venez chez nous, vous gagnerez autant, sinon davantage». En tout cas, pas en ce jour de grève… Mais il a fait le constat: «Certains ont déjà fait le pas et sont venus chez nous. Le réseau Uber est ouvert à tout le monde».
«Cette grève, c’est plus pour protéger un des derniers monopoles dans ce pays. Or, sans compétition, il n’y a pas d’innovation. Et donc pas de rapport qualité-prix.»
OK. On laisse tomber les salaires, la pension, la prise en charge du véhicule par l’employeur? Chacun devient son propre boss? «Non. A Bruxelles, 84% des taxis sont déjà des indépendants (d’autres chiffres contredisent ces données, NDLR). Ils ont le même statut que le chauffeur d’Uber sur le réseau», avance Nuytemans.
Casser non pas un marché mais un monopole
En attendant, le phénomène d’ «ubérisation» gagne du terrain dans d’autres secteurs. Une dérégulation du marché qui progresse façon rouleau compresseur? «Notre modèle ne casse pas les règles du marché.»
«On veut des règles, mais pas pour protéger un monopole. Pour protéger le consommateur, pour permettre la compétition, en faveur de l’utilisateur», martèle le patron d’Uber.
Source : lavenir.net